Enseignement : 5 stratégies aux bases neuroscientifiques
Les avancées récentes des neurosciences ont permis de lever le voile sur plusieurs des mystères de notre cerveau. À mesure que notre compréhension de ce fascinant organe s’approfondit, il devient possible d’appliquer ces connaissances dans différents domaines, dont celui de l’éducation. En ajustant leurs stratégies d’enseignement pour qu’elles correspondent aux mécanismes naturels du cerveau, les enseignants peuvent créer des environnements qui favorisent l’engagement et facilitent la rétention des savoirs. Voici cinq stratégies pédagogiques fondées sur les neurosciences, qui peuvent enrichir les expériences d’apprentissage.
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Intégrer l’apprentissage actif
Dans son ouvrage Research-Based Strategies to Ignite Student Learning: Insights from a Neurologist and Classroom Teacher (Stratégies fondées sur la recherche pour stimuler l’apprentissage des étudiants : les réflexions d’un neurologue et d’un enseignant), la Dre Judy Willis explique que « l’apprentissage actif favorise la tendance naturelle du cerveau à explorer, découvrir et construire des connaissances ». Les stratégies d’apprentissage actif incitent les apprenants à participer de manière active à leur propre apprentissage par le biais de discussions, de résolution de problèmes ou d’expériences concrètes, ce qui renforce à la fois leur engagement et la rétention des nouvelles connaissances. Ces approches stimulent différentes zones du cerveau, en particulier le cortex préfrontal, responsable de la réflexion critique et de la prise de décisions, ce qui aide à approfondir la compréhension et à enregistrer les apprentissages dans la mémoire à long terme.
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Essayer l’enseignement multisensoriel
L’approche multisensorielle repose sur la capacité du cerveau à traiter l’information par plusieurs canaux sensoriels en même temps. En utilisant des supports visuels, des éléments sonores, des activités tactiles et des activités basées sur le mouvement, les enseignants créent des expériences d’apprentissage variées et stimulantes. Cette méthode sollicite divers circuits neuronaux, ce qui aide non seulement à la compréhension, mais aussi à l’encodage et à la récupération de l’information.
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Privilégier des séances d’apprentissage plus courtes et espacées
Diviser les séances d’apprentissage en segments plus courts permet de rendre les informations complexes plus accessibles, en les fragmentant en unités plus petites et faciles à assimiler. Présenter ces informations selon des séquences logiques facilite leur traitement et leur stockage dans la mémoire. L’espacement des séances, c’est-à-dire leur répartition sur une période plus longue, favorise pour sa part la consolidation des apprentissages. En intégrant des révisions bien réparties dans le temps, les enseignants peuvent ainsi optimiser la rétention de l’information à long terme et éviter la surcharge cognitive.
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Penser au mouvement et à la respiration
Le mouvement stimule la production de neurotransmetteurs qui jouent un rôle clé dans l’apprentissage et la mémorisation. Intégrer des pauses actives, comme des exercices d’étirement ou des activités physiques brèves, dans le quotidien de la classe peut améliorer la circulation sanguine vers le cerveau, ce qui favorise la vigilance et la concentration. De plus, des recherches ont montré que la respiration influence également la mémoire. Une étude américaine de 2016 a révélé que la respiration par le nez, en activant le système olfactif et en stimulant les neurones associés, améliore la mémorisation. Cette « oscillation olfactive » favorise une meilleure consolidation des informations, en particulier lors de l’inspiration.
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Miser sur les histoires et les émotions
« Les histoires exploitent l’affinité naturelle du cerveau pour les expériences narratives et émotionnelles », déclare la Dre Mary Helen Immordino-Yang dans son ouvrage Emotions, Learning, and the Brain (Les émotions, l’apprentissage et le cerveau). L’enseignement basé sur des histoires et les liens émotionnels ont un effet puissant sur l’apprentissage. La narration mobilise plusieurs zones du cerveau, dont celles responsables du traitement des émotions et de la mémoire. En intégrant des histoires, des exemples du monde réel et des expériences personnelles dans leurs cours, les enseignants activent les centres émotionnels cérébraux, renforçant ainsi la motivation, l’attention et la rétention à long terme.
Alors que les neurosciences continuent d’élucider les mystères du cerveau, les enseignants ont de plus en plus d’outils pour exploiter pleinement le potentiel de chaque apprenant. L’intégration des découvertes les plus récentes offre un potentiel immense pour transformer l’expérience du côté des apprenants comme des enseignants, en mettant les mécanismes du cerveau au service d’un apprentissage optimal.