Apprentissage : le cerveau des adultes est friand d’histoires
Les humains recourent depuis fort longtemps aux histoires pour se transmettre leurs valeurs, leurs croyances et leurs connaissances. Aujourd’hui, cette pratique est surtout perçue comme un divertissement, souvent associé à l’enfance. Cependant, la recherche montre qu’une histoire bien racontée peut devenir un outil d’apprentissage extrêmement puissant, y compris pour les adultes.
La narration : un avantage adaptatif?
Pourquoi les histoires sont-elles si profondément ancrées dans notre vie? Saviez-vous que plus de la moitié de nos conversations seraient composées d’histoires personnelles ou de potins? Cela montre à quel point raconter des histoires est naturel pour nous, et combien cela peut être utile et efficace sur le plan comportemental. Jonathan Gottschall, dans The Storytelling Animal, affirme que « la narration est pour un humain comme l’eau pour un poisson — complètement englobante et presque impalpable ». En effet, raconter une histoire à un congénère peut devenir un « transfert d’expérience », alors que des idées, des émotions et des réflexions sont transmises par le biais du récit (Hasson et al., 2010).
Un outil d’apprentissage efficace?
Même en tant qu’adultes, se faire raconter une histoire capte notre attention. Ce phénomène est en partie attribuable aux techniques narratives, qui nous touchent, captivent notre esprit et suscitent notre intérêt. En étant pleinement engagés dans l’écoute d’une histoire, nous sommes moins à risque de décrocher que face à un simple exposé factuel.
Cerveau captivé, cerveau activé
Écouter une histoire active des neurones dans plus de régions cérébrales que l’écoute d’une explication rationnelle. Ce procédé narratif laisse par ailleurs des traces physiques et émotionnelles durables, rendant ainsi le contenu plus facile à mémoriser et à rappeler.
Une histoire que l’on fait sienne
Une histoire implique une charge émotionnelle (voir L’importance des émotions dans l’apprentissage, 4 émotions de l’apprentissage et Le rôle crucial des émotions et des intuitions « habiles » dans l’apprentissage), une dimension personnelle, et suppose de présenter les choses d’une manière attrayante et compréhensible. Ces éléments permettent aux auditeurs de se projeter dans le récit, de s’identifier aux personnages et de mieux s’approprier le contenu.
Des mots qui stimulent les sens
Les histoires utilisent des termes concrets, des métaphores et des images sensorielles qui peuvent stimuler tous les sens dont les régions respectives s’activent dans le cerveau (Gonzalez et al., 2006). Ce processus permet aux auditeurs de créer mentalement leur petit film personnel et multisensoriel. En étant créatifs, ils sont aussi plus actifs et motivés dans leur écoute, ce qui favorise la mémorisation et l’apprentissage.
Pour qu’une histoire devienne un outil d’apprentissage efficace
Pour que la narration devienne un véritable levier d’apprentissage, elle doit respecter trois critères essentiels :
- Être pertinente et crédible pour l’auditoire cible.
- Développer un suspense qui maintient l’intérêt tout au long du récit.
- Mettre en scène un personnage principal qui surmonte un défi ou résout un conflit, tant sur le plan émotionnel et sur le plan intellectuel.
En respectant ces principes, une histoire peut non seulement captiver les adultes, mais aussi instruire de manière efficace.
Sources complémentaires :
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Annie Murphy Paul, Your Brain on Fiction, The New York Times, 2012.
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Paul J. Zak, Why Your Brain Loves Good Storytelling, Harvard Business Review, 2014.
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Saga Briggs, How Storytelling Can Enhance Any Learning Experience, informeED, 2015.
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Bruno Hourst, Raconter une histoire peut améliorer n’importe quelle expérience d’apprentissage, Mieux Apprendre, 2019.