Neurosciences : 3 bons réflexes d’étude
Comprendre le fonctionnement du cerveau au cours de l’apprentissage peut nous amener à repenser nos méthodes d’enseignement, mais aussi d’étude. Car, bien que l’assiduité en cours soit primordiale, il est tout aussi crucial d’adopter des stratégies d’étude efficaces pour réussir. Grâce aux avancées des neurosciences, on sait aujourd’hui que toutes les méthodes en la matière ne sont pas égales, que certaines bien qu’elles soient pratiquées depuis des générations peuvent être contre-productives, et que d’autres, moins connues, sont résolument à adopter. Voici trois de ces bons réflexes d’étude mis en évidence par les neurosciences.
Opter pour la réactivation plutôt la répétition
Au niveau cérébral, tout apprentissage repose sur la répétition des activations neuronales en lien avec l’apprentissage visé. Cependant, relire de manière répétée et sans fin une leçon n’est pas la méthode la plus efficace pour stimuler cette activation. À force de relire sans interruption, les neurones sont moins sollicités, et on peut avoir l’impression que l’étude devient plus facile, mais aussi plus monotone et démotivante. Lorsque cela se produit, il est préférable de prendre une pause et de revenir sur la matière après un délai d’idéalement 24 heures pour les premières séances.
Une méthode bien plus efficace pour stimuler l’activation des neurones est l’entraînement à la récupération en mémoire, qui consiste à chercher dans sa tête une information apprise, mais non consolidée, à la faire voyager de la mémoire à long terme à la mémoire de travail. Après avoir relu ses notes, on teste sa mémoire en essayant de se rappeler des informations abordées, en les écrivant, en reformulant des concepts, ou en résolvant des problèmes. Avant d’attaquer les concepts plus complexes, il vaut mieux commencer par s’entraîner à la récupération en mémoire de leurs notions de base, autrement il y a risque de surcharge cognitive.
Obtenir de la rétroaction
Lorsqu’on s’entraîne à la récupération en mémoire, il est essentiel de vérifier ses réponses. Cette étape de rétroaction signale au cerveau que l’information a bien été encodée ou, au contraire, qu’elle est erronée, ce qui permet d’éviter de renforcer des erreurs. Le vrai problème ne réside pas dans une mauvaise réponse corrigée par une rétroaction, mais dans le fait de croire que l’on connaît la bonne réponse sans se corriger ou se faire corriger; ce qui est particulièrement risqué lorsqu’on étudie seul.
Plutôt que de donner directement la bonne réponse, l’enseignant ou la personne responsable de la rétroaction devraient guider l’apprenant en l’encourageant à chercher la solution par lui-même, en lui fournissant des indices. En effet, c’est en cherchant activement dans sa mémoire que l’on réactive les connexions neuronales. Il existe deux types de rétroaction :
- positive : elle confirme une bonne réponse et génère un sentiment de satisfaction (grâce à la libération de dopamine), ce qui motive à reproduire le comportement correct.
- « négative » ou corrective : elle corrige une réponse erronée et génère souvent la surprise chez l’apprenant, un sentiment qui favorise l’encodage de l’apprentissage. Mais pour que cela soit efficace, il faut que l’apprenant ait accès à des explications claires sur son erreur.
Poursuivre l’apprentissage jusqu’au surapprentissage
Il est fréquent de se croire prêt pour un examen et de cesser d’étudier dès que l’on atteint un niveau de performance satisfaisant dans son étude. Pourtant, il est alors judicieux de continuer à travailler, ce que l’on appelle le « surapprentissage ». Même si cela semble contradictoire avec le premier point, il n’en est rien. Tandis que le premier point portait sur l’aisance que l’on finit par ressentir au cours même session d’étude, on parle dans ce cas-ci de la maîtrise qui vient après plusieurs séances (bien réparties dans le temps, faut-il le rappeler).
Surapprendre permet de renforcer les connexions neuronales en lien avec l’apprentissage visé et de consolider ces connaissances à long terme, en réduisant le risque de les oublier. Il favorise aussi un apprentissage plus profond, alors que le cortex préfrontal, qui est responsable des fonctions cognitives supérieures, comme la mémoire de travail et le raisonnement, est moins sollicité une fois que les connaissances sont automatisées. Cela libère de l’espace pour explorer des concepts plus complexes, faire des liens entre informations anciennes et nouvelles, et réfléchir à des niveaux plus profonds. Ainsi, une fois qu’une matière est maîtrisée, il est conseillé de poursuivre l’apprentissage, notamment en continuant à s’exercer à la récupération en mémoire, tout en s’arrêtant lorsque l’angle choisi devient trop facile.
Sources :
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Eriksson et al., Rewiring the brain with repeated retrieval: a parametric fMRI study of the testing effect, 2011.
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Vestergren et Nyberg, Testing alters brain activity during subsequent restudy: Evidence for test-potentiated encoding, 2013.
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Zaromb et Roediger, The testing effect in free recall is associated with enhanced organizational processes, 2010.
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Adesope et al., Rethinking the Use of Tests: A Meta-Analysis of Practice Testing, 2017.
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Riviera et al., Developmental changes in mental arithmetic: evidence for increased functional specialization in the left inferior parietal cortex, 2005.
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Wagner et al., Building Memories: Remembering and Forgetting of Verbal Experiences as Predicted by Brain Activity, 1998.
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Steve Masson – Cerveau et apprentissage